Cette lettre à la Terre a été écrite le 2 avril 2020, en plein confinement, une période où les Français n’avaient pas le droit de sortir de chez eux sans autorisation. Même notre village, dans la pampa, était survolé tous les jours par l’hélicoptère de la gendarmerie… Au cas où l’un de nous aurait eu l’audace de mettre un pied dehors.
Elle a ensuite été annexée à un petit guide numérique gratuit sur les buttes de permaculture, téléchargé plus de 55 000 fois les semaines suivantes !
Chère Planète,
Personne ne sait comment endiguer l’épuisement de vos ressources naturelles et nutritives, dans un contexte où une partie est détournée pour produire de l’énergie mécanique, électrique et gazeuse… ou bien finies à la mer comme nos déjections, alors que leur recyclage permettrait de préserver à la fois l’humus et l’eau potable.
La vie naît de l’eau et de l’humus, du soleil et de l’énergie de votre centre, nous avons perdu le sens des réalités. Aveuglés, nous préférons croire que votre capacité à remplir nos râteliers est sans limite.
Virus oblige, nous sommes actuellement en pause, mais une fois l’orage passé, nous reprendrons nos activités de plus belle. Sans rien changer, le changement nous est étranger, et nous préférons un danger connu à toute nouveauté dans nos vies, tant nous sommes attachés à nos habitudes telle la chèvre à son piquet.
Et la chaîne est robuste, puisque l’agriculture se développe indépendamment du pouvoir politique et des gouvernements successifs depuis 1947. Par ailleurs, comment imaginer que le remembrement allait démembrer plus que les haies : le tissu rural ? Nous avons sous-estimé la puissance de feu de l’ennemi qui a pris le contrôle de l’agriculture pour contrôler notre alimentation et nous contrôler. Bataille après bataille, les industriels de l’argent ont gagné la guerre et ils se pavanent aujourd’hui en vainqueurs.
Madame, vous pleurez de nous voir si bêtes à bouffer du foin, mais un drame n’arrivant jamais seul, plus que d’avoir bouleversé votre climat et gaspillé vos ressources, nous léguons à nos enfants un climat intellectuel déboussolé et une situation alimentaire tout à fait inédite. Et sans envisager une seule seconde que le progrès technologique pourrait ne pas durer et n’être qu’une fulgurance dans l’histoire de l’humanité.
En dépit de la taille de notre cerveau, notre niveau mental ne dépasse pas celui des dinosaures, nous sommes juste des sauriens bons à se dévorer les uns les autres. Pas mieux qu’un cheval qui se refuse devant l’obstacle, nous refusons d’admettre que l’humus, votre intestin, la réserve nutritive des plantes, leur garde-manger, soit aussi le nôtre.
Pourtant, quand les plantes y puisent leurs nutriments, elles y puisent également les nôtres. Elles mangent le sol, nous les mangeons, sommes-nous plus que du sol ? Beaucoup se croient bien plus, notre mépris est total. Désolé, mère, nous ne pouvons pas vous aimer, nous n’aimons déjà pas nos enfants, nous dilapidons leur héritage, nous sommes une espèce inhumaine, nous savons ce que nous faisons et « Après moi, le déluge. »
Signé : un amoureux.
Lettre à Macron
En aout, le site Mr Mondialisation a republié : « Ver de terre en danger » la lettre d’un agronome à Macron (écrite en 2019.)
Lettre à Hollande
En juillet, j’ai republié la lettre que je lui avais adressée en 2016 : Lettre au Président Hollande : les vers de terre meurent d’inaction politique ! Une lettre restée sans réponse contrairement à celle envoyée à Macron.
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L’Éloge du ver de terre n°1 est épuisé et ne sera pas réédité.
Idem pour le 2, bientôt épuisé, il ne sera pas réédité.
En libraire ou dans notre boutique.
Notre mère nourricière, c’est notre planète ! Si elle régule aujourd’hui c’est pour elle , pour se protéger des dégâts causés par l’humain irrespectueux et qui n’a rien compris… alors ne pleurons pas quand elle détruit , elle fait son travail de défense , l’humain est comme tout le vivant, c’est Gaïa qui gère … notre savoir , notre intelligence, notre ego … ne comprennent pas , c’est normal , on se prend pour des dieux tout puissants qui savent détruire à leur bon vouloir , mais qui ne savent pas reconstruire pour Elle , terre mère
Bonsoir,
Vous avez résumé ici toutes mes pensées, bien malheureusement. Cependant, je ne courberai pas la tête et continuerai inlassablement à résister quoi qu’il m’en coûte à ce rouleau compresseur. Comme mon défunt époux qui est mort debout…
Merci pour votre acharnement à mener ce difficile travail de mise en lumière de la beauté de la nature par le minuscule.
Une amoureuse inconditionnelle de la nature et du vivant,
Véronique Marsault