Mon travail consiste à soulever des lièvres pour les mettre sur la table ! Par exemple, connaissez-vous un seul animal qui va volontairement faire ses besoins dans l’eau ? D’accord, le castor… alors que la loutre sort de l’eau !
Par exemple, notre corps est une véritable usine à engrais agricoles : il en produit une demi-tonne par an, de quoi couvrir un quart des besoins de l’agriculture. Nous tirons la chasse.
Par exemple, nos déjections sont des biodéchets – biodégradables – par excellence, mais la nouvelle loi entrée en vigueur le 1ᵉʳ janvier 2024 considère qu’elles n’en sont pas ! Nous tirons la chasse.
Par exemple, les Français gaspillent quotidiennement l’équivalent de 10 mégabassines d’eau potable en tirant la chasse, mais ils luttent contre les mégabassines agricoles qui pompent l’eau potable dans les nappes phréatiques. Pourtant, les conséquences sur les sols et le climat sont les mêmes.
Bref, il est urgent de repenser la gestion de nos déjections pour les valoriser comme engrais, comme il est urgent que vous lisiez mon livre, un ouvrage sans concurrence depuis 1866 ! — « Parmi les causes qui retardent l’utilisation de l’engrais humain en agriculture, il faut mettre en première ligne le dégoût instinctif que fait naître une matière fétide et nauséabonde », Benjamin Corenwinder, chimiste et industriel français, 1866.
Christophe GATINEAU
176 pages. ISBN : 9782379224317
30/01/2025. 18.00 €. Éditions ULMER
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Sommaire
- Avant-propos
- Du désir de manger au dégoût de la chose digérée
- L’égout : il fait le mal en voulant faire le bien !
- Chapitre 1
- La terre nourricière
- On marche sur la tête
- Le cycle méconnu de notre alimentation
- Une menace invisible
- Le pipi pue à cause de l’azote qui s’évapore
- La tragédie du phosphore
- Chapitre 2
- Un peu d’éthologie végétale
- Nos déjections donnent-elles du goût aux plantes ?
- Nos déjections affaiblissent-elles les plantes ?
- Chapitre 3
- Quid des médicaments : faut-il tirer la chasse ?
- Recycler nos déjections pour cultiver nos légumes rebute…
- Chapitre 4
- Le lisier humain
- L’engrais flamand
- L’urine au jardin
- Conserver son urine
- Chapitre 5
- Filtrer les eaux usées grâce aux vers de terre
- Une pression démographique incontrôlable
- Le génie humain est à sec !
- Les cacas de mamie !
Avant-propos
Victor Hugo disait que l’égout faisait le mal en voulant faire le bien ; le recyclage de nos déjections permettrait de préserver l’humus et les ressources en eau potable tout en contribuant à lutter efficacement contre le réchauffement climatique et l’appauvrissement des sols agricoles.
L’humus, c’est cette fine couche supérieure du sol, les 15 premiers centimètres, où la vie souterraine se concentre et transforme la matière organique en engrais naturel pour les plantes. C’est l’habitat des racines, des vers de terre et des microbes, l’intestin des plantes, le berceau de notre civilisation.
Pour rester « vivant », l’humus a besoin d’être nourri. À cet effet, et tout comme l’ensemble des déjections animales, nos déjections sont une formidable mine d’or nutritionnelle. En plus, elles véhiculent un élément essentiel au maintien de la vie terrestre, de surcroît non renouvelable, rare et qui se raréfie : le phosphore.
Tout ce qui vit a besoin de phosphore, tout ce qui vit en rejette. Nos corps en rejettent et nous le jetons à l’égout en tirant la chasse… à l’heure où nous touchons le fond des dernières réserves mondiales. Et après ? Quand les réserves seront épuisées, personne ne sait, l’échelle n’est plus humaine ! Qui plus est, dans un contexte mondial où plus de la moitié des sols cultivables, autrefois fertiles, sont désormais épuisés et ne subsistent que grâce à l’utilisation massive de produits chimiques.
C’est curieux, je vous l’accorde, mais une partie de la solution pour les régénérer est sous notre nez. Par ailleurs, relier le recyclage de nos cacas au réchauffement climatique, le lien est osé, mais il est aussi typique de ces petites choses perçues comme dérisoires et qui, soudainement, prennent une importance inattendue.
À ce propos, permettez-moi de citer le célèbre astrophysicien Hubert Reeves sur le plateau de France 2 le 3 mai 2018 : « La disparition des vers de terre est un phénomène aussi inquiétant que la fonte des glaces. » Et d’ajouter : « Le ver de terre est un bon exemple du fait qu’une toute petite chose à peine visible peut avoir une importance majeure. » Et la disparition des vers de terre est consécutive à la disparition de l’humus ! Voilà pourquoi il est urgent d’arrêter de tirer la chasse et de repenser la gestion de nos déjections pour les valoriser en engrais, car elles contiennent environ 25 % des besoins en azote et en phosphore de notre agriculture […]
Ressources complémentaires
- Mon nouveau livre est déjà un succès médiatique, fini les tabous sur nos pipis et cacas – 09/02/2025
- Nos déjections comme engrais au jardin : conseils pratiques et législation – 26/01/2025
- Quand vous tirez la chasse, l’histoire ne s’arrête pas là – 19/01/2025
- L’humus, notre grenier à blé, une disparition silencieuse – 12/01/2025
- Autonomie alimentaire : combien de m² pour nourrir sa famille – 01/12/2024
