Cette semaine, les médecins libéraux ont alerté sur l’exposition des enfants au cadmium, un métal lourd qui s’accumule dans l’organisme via le pain, les pâtes, les patates : « Une explosion de la contamination des jeunes enfants existe bel et bien. »

Plus d’un enfant sur 3 de moins de 3 ans est en surdosage… le cadmium serait par ailleurs à l’origine de l’explosion des cancers du pancréas. [Source : FranceInfo ; Libération ; Le Monde]

La toxicité du cadmium sur la santé humaine est documentée depuis 1919… [source] Toutes les alertes sont tombées à l’eau jusqu’à maintenant, un problème qui puise en grande partie sa source dans un geste aussi banal que quotidien : tirer la chasse d’eau !

En effet, ce problème en cache un autre plus grave encore : celui du phosphore, et de notre refus collectif de recycler nos déjections — sujet central de mon dernier livre : Ne tirons plus la chasse…

Extrait :
« Les dernières réserves mondiales de phosphore sont difficiles à quantifier. Les trois quarts se trouvent au Maroc, mais elles sont chargées en cadmium, un métal lourd au même titre que le mercure ou le plomb… et qui se retrouve ensuite dans nos champs avant de s’inviter dans nos assiettes ! »

D’abord, il est naturellement présent à des concentrations variables selon l’origine géologique des sols. Ensuite, il y est introduit par les fumiers et les engrais phosphatés. Où il peut s’y accumuler pendant des décennies, voire des siècles. En agriculture biologique, l’utilisation d’engrais phosphatés est autorisée.

Comment se retrouve-t-il dans nos engrais agricoles ?
Par le biais du phosphore — un élément essentiel à la nutrition des plantes, il est extrait des mines de phosphate. Toutefois, tous les gisements n’ont pas la même teneur : ceux d’origine nord-africaine ont des teneurs très élevées en cadmium contrairement aux gisements russes ! Mais comme la plupart des gisements sont épuisés, nous exploitons désormais le fond des derniers, le choix est limité d’un point de vue géopolitique — à moins de changer radicalement notre manière de pratiquer l’agriculture.

Une étude chinoise de 2002 concluait :
« Les effets combinés du cuivre (Cu), du zinc (Zn), du plomb (Pb) et du cadmium (Cd), chacun entraînant un taux de mortalité supérieur à 10 % chez le ver de terre, peuvent provoquer un taux de mortalité de 100 %, démontrant ainsi un fort effet synergique des métaux lourds. » [Source]

En 2025, une nouvelle étude chinoise indique :
« Nous avons constaté que le stress causé par le plomb (Pb) et le cadmium (Cd) affecte négativement la croissance des vers de terre et des tournesols. De plus, ces organismes accumulent le Pb et le Cd… » [Source]

Une équipe de chercheurs de l’INRAE de Bordeaux travaille à identifier les variétés les moins « gourmandes » en cadmium… afin de moins empoisonner nos enfants ! Pour réduire le % de cadmium des engrais phosphatés, il faudrait changer de fournisseur…

Quant aux vers de terre, no chance, ils favorisent la biodisponibilité de ce métal lourd — son absorption par les plantes… [Source]

En conclusion

L’ANSES, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, un établissement public, a tenté d’alerter tous les gouvernements successifs, car la source de contamination des enfants est leur alimentation. Mais tous sont restés sourds. Selon l’Agence, 36 % des enfants français de moins de 3 ans sont contaminés. [Source]


Extraits de : Ne tirons plus la chasse,
nos déjections au secours des sols vivants

« Cette extraction a un coût environnemental de dingue, à l’exemple de ce qui se passe en Tunisie, où l’extraction du phosphore et sa transformation en acide phosphorique occasionnent des dégâts considérables : « La fabrication d’une tonne d’acide phosphorique engendre cinq tonnes de déchets. » Un rapport de 1 à 5, et sans compter les tonnes de carbone fossile… « Ce sont des boues, saturées en métaux lourds, dont il faut se débarrasser. Or, à Gabès, ces déchets sont jetés dans la mer Méditerranée… Entre 10 000 et 15 000 tonnes de rejets par jour, soit environ 5 millions de tonnes par an », relevait la cellule investigation de Radio France [source]… »

« Les dernières réserves mondiales de phosphore se situent donc au Maroc, en Chine, en Arabie saoudite, en Russie, aux États-Unis, au Brésil, en Afrique du Sud, en Algérie, en Syrie, en Tunisie, en Égypte, en Australie, en Finlande… et leur longévité fait débat, en particulier dans un contexte de changement climatique et de réduction des émissions de gaz à effet de serre : combien reste-t-il ? Quarante ou cinquante ans de réserves ? Peut-être moins, tout dépendra du contexte géopolitique et de notre ambition climatique pour 2050… » La suite dans mon livre.


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