Lombrico-dépendant : qui dépend des vers de terre. La survie du merle noir en dépend, mais il n’est pas lombrivore strict comme l’hirondelle est insectivore.
En effet, si l’hirondelle ne mange que des insectes, le merle noir becquette des vers de terre qu’à des moments précis de son existence : lors de la reproduction, et en hiver et selon la température et l’humidité du sol. Le reste du temps, il est omnivore avec un petit « vice » pour les cerises, fraises et autres fruits rouges.
Si l’intérêt des vers de terre sur la qualité, la durabilité et la bonne santé des sols est attesté, leur rôle en tant que source d’alimentation dans le maintien de la biodiversité est toujours largement sous-estimé.
La lombrico-dépendance
Quasiment toutes les espèces d’oiseaux en mangent sans être pour autant lombrico-dépendantes, plus les musaraignes, hérissons, sangliers, renards, reptiles (lézards des murailles, verts, orvets…), mollusques (limaces rouges, léopard…), batraciens (crapauds), insectes (Carabes), oiseaux de basse-cour… Toutefois, deux mammifères sont connus en France pour l’être : le blaireau et la taupe ; les vers de terre étant à la base de leur alimentation (80 à 90 %).
Mais pour certains, la taupe reste un insectivore ! Dictionnaire Larousse : « Mammifère insectivore, grand consommateur d’insectes. » Le Robert : « Petit mammifère insectivore… » Universalis : « Petit insectivore fouisseur… » Alors même qu’elle est accro aux vers de terre. Attention, pas accro comme un nomophobe l’est à son téléphone – croyant que sa vie en dépend – ou comme l’agriculture est devenue accro aux produits chimiques. Non, pour un lombrico-dépendant, il ne s’agit pas d’une croyance addictive, mais d’une question de vie ou de mort.
6 mois que je les observe quotidiennement
Un couple de merles noirs loge à côté de chez moi, et ils ont fait un carnage. À se demander s’il en reste… À plein bec tous les jours des dizaines, une centaine peut-être quand ils nourrissent leurs petits ; des oisillons nourris exclusivement aux vers de terre. Quand le mâle arrive dans le nid avec quatre ou cinq vers de terre, la femelle prend le relais.
Ils ont d’ailleurs implanté leur nid au milieu de leur terrain de chasse. C’est plus pratique, en deux ou trois battements d’ailes, ils sont sur place. Par sécurité, ils chassent uniquement en terrain dégagé, jamais dans les herbes hautes, c’est trop dangereux. Ici, ni chat ni chien, ils sont morts à l’âge canonique de 17 ans tous les deux ! Et tant que les faucons et autres éperviers n’étaient pas revenus de leur migration hivernale, ils n’avaient rien à craindre. Depuis…
Leur nid, je les ai vus le construire, ils savaient que je savais
Une fois la première nichée envolée, chaque parent prend en charge un jeune pour lui apprendre à chasser les vers de terre. Les oisillons vont beaucoup observer avant de s’y essayer. Une fois qu’ils sont aptes, la femelle va se remettre à couver et ils chasseront à quatre. On retrouve cet esprit de famille chez les hirondelles, que je connais bien pour cohabiter avec elles une partie de l’année. Lors de la seconde couvée, quand l’heure de la migration approche, toute la famille se met à nourrir les petits derniers et à les entraîner à voler.
Comment chassent-ils ?
J’ai passé des heures à tenter de comprendre leur technique, mais elle m’échappe. Certes, les merles ont l’œil perçant et l’ouïe fine, penchant légèrement la tête de temps en temps comme pour mieux capter les sons venant du sol. Ils ne frappent ni ne le creusent comme le font les pics épeiches, ils sautillent et reviennent sans cesse sur leurs pas, mais ils ne repartent jamais bredouilles. Les lombrics terrestres, ils savent les extraire de leur terrier (vidéo) en les tirant par saccades ; les très gros, ils les découpent pour les transporter. Parfois, ils les abandonnent sans qu’on sache vraiment pourquoi.
L’un des plus beaux chants de nos campagnes
Quand le temps est clément, le soir venu ou au lever du jour, les mâles se perchent au plus haut de leur territoire et chantent pour le marquer. Aucun de leurs phrasés n’est identique, ils commencent toujours un peu pareil, puis ils improvisent et se répondent les uns les autres comme dans une battle.
Un abonné m’a écrit : « J’écoute souvent de la musique dans mon potager, et ils se posent non loin de l’enceinte où ils engagent une battle avec l’enceinte, c’est génial. Les fauvettes à tête noire font aussi ça. » L’autre jour, dès que « notre » mâle avait fini de chanter, positionné quelques branches en dessous dans le grand noyer, un rouge-gorge reprenait la chansonnette. Ce qui avait l’art d’énerver le bec jaune ! Et comme pour lui dire : Qui est le bonhomme ici, il se mettait à chanter encore plus fort ! Par ailleurs, quand le chant ne suffit pas, les mâles en viennent aux mains, et ils ne font pas plus dans la dentelle que deux combattants de MMA dans la cage.
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