Les vers de terre sur TF1 cette semaine… première fois, les temps changent, mais rien n’est gagné, 8 ans que je rame. La première fois que j’ai interpellé l’État sur leur inexistence juridique, c’était du temps où Nicolas Hulot était « l’envoyé spécial pour la protection de la planète » du Président Hollande (source), un temps lointain. Ma lettre a fini à la corbeille, Hulot étant plus préoccupé par son propre destin que celui des vers de terre. Résultat : aujourd’hui il se terre, la maison des vers de terre brûle, et nous, nous continuons à regarder ailleurs. Quel gâchis.
Nous prenons conscience que notre alimentation provient de l’habitat des vers de terre
En 2016, j’écrivais au Président Hollande : « Je concède que la cause paraît bien dérisoire face aux multiples conflits qui ravagent notre planète, mais sans sols nourriciers, ces conflits seront-ils plus apaisés dans un monde bouleversé par le changement climatique ? Je ne le crois pas. » Et de clore : « Avant la fin de votre mandat, pouvez-vous faire que l’État reconnaisse au ver de terre le droit à exister ? » Il n’a rien fait.
La lettre complète est à retrouver dans l’Éloge du ver de terre publié en 2018 chez Flammarion, un livre qui a fait rentrer les vers de terre dans la biodiversité ! Depuis, c’est l’animal sauvage le plus médiatisé, et dés que la biodiversité est évoquée, on précise : « sans oublier les vers de terre » ! Avant : jamais. Une quinzaine de médias ont titré sur La Ligue cette semaine, à l’exemple de :
- TF1 : Une « Ligue de protection des vers de terre » : pourquoi l’idée n’est pas si farfelue
- France info : « Aujourd’hui les vers de terre n’existent pas dans la loi », alerte un agronome qui lance la Ligue de protection des vers de terre
- La Croix ➡️ Reporterre ➡️ France 3 ➡️ Reportage TV ➡️ C’est Guillaume Bellavoine du Populaire du centre qui a déclenché cette avalanche médiatique ➡️
J’ai adressé une nouvelle lettre au ministre de l’Agriculture
Dont l’objet est : Si l’État a officiellement reconnu en 2021 les vers de terre comme l’un des piliers de notre souveraineté alimentaire, il doit désormais les intégrer dans nos lois et règlements, parce que ces animaux n’ont aucune existence juridique. Autrement dit, on peut légalement vider un sol cultivé de ses vers de terre !
Monsieur le ministre,
Il y a des vers de terre, des vers aquatiques, des vers marins, des vers allergiques à la terre et qui vivent sur le sol, il y a même des vers de glaciers ! Finalement, les Annélides ont colonisé tous les milieux, sauf les airs…
Et si ceux qui vivent dans les glaces d’Alaska sont encore dans l’œil du cyclone, ceux qui logent dans nos sols agricoles sont au cœur de la tempête. Plus de la moitié de ces sols sont dégradés à des degrés divers, et leur altération prend sa source dans la dégradation de l’habitat des vers de terre. Une dégradation qui entraîne l’érosion des sols vers les cours d’eau : un cercle vicieux. Nos aliments provenant de là où ils habitent, les préserver, c’est donc protéger notre alimentation et ceux qui la produisent.
Quelques chiffres sur leur impact économique
Si les vers de terre étaient un pays, ils seraient le premier producteur européen de céréales selon une étude publiée le 26/09/2023 dans la revue scientifique Nature. Une étude qui suggère qu’ils contribuent pour 6,45% de la production mondiale de grains (blé, maïs, orge…), soit environ 128 millions de tonnes. Valeur marchande de leur travail sur les marchés internationaux : 28 milliards d’euros. En 2023, la France a produit moitié moins de grains que les vers de terre ! En 2008, une expertise commanditée par le gouvernement irlandais avait estimé à 700 millions leur apport à la richesse nationale ; et à un milliard en incluant leur travail de labourage.
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Le but n’est pas de les élever à notre rang
Juste de les préserver et de mettre à la disposition de l’agriculteur des informations scientifiques, afin qu’il puisse toujours choisir le produit, l’outil ou la technique la moins délétère. Un exemple, un seul, pour illustrer mon propos. Autant l’agriculteur connaît l’impact des pesticides sur les pollinisateurs et les milieux aquatiques, car leur toxicité est évaluée en amont par les fabricants, autant on lui cache l’impact de ces produits sur ses vers de terre. Et pour une raison simple : en 2024, la toxicité des pesticides n’est toujours pas évaluée sur les vers de terre qui vivent dans les sols cultivés ; un vide juridique signalé à votre ministère dès 2013.
Monsieur le ministre, plutôt que de sacrifier les vers de terre au nom d’une idéologie qui croît que les sols nourriciers sont éternels, abondants et renouvelables, faites que la France soit le flambeau de leur sauvegarde : légiférez la déclaration du 14/12/2O21, car les nommer dans la loi, c’est déjà les faire exister. Lire la lettre complète en PDF ou en ligne sur le site de l’Humanité.
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- Illustration article : MARKO
L’Éloge du ver de terre N°1 est épuisé et ne sera pas réédité ; le N°2 sera épuisé d’ici cet été : en libraire ou dans notre boutique.