Pesticides : nous n’en sortirons pas, le piège s’est refermé

En théorie, une agriculture sans pesticides est possible, en théorie, l’agriculture biologique devrait être sans pesticides, en théorie, tout est possible.

Autant nous avons du mal à imaginer une agriculture sans tracteurs, un monde sans voitures, sans moteurs, sans électricité, sans eau chaude, sans internet ou sans smartphones, autant nous croyons pouvoir nous débarrasser des pesticides comme par enchantement. Pourtant, chaque petit pas que nous avons fait pour en sortir s’est toujours soldé par de grands pas en arrière. Pourquoi ? À cause de l’inexistence juridique de la planète, de l’environnement, de la Nature, de la biodiversité.

Les pesticides ont plus
de droits que la Nature !

Un château a des droits, un tableau a des droits, la loi française les protège. La nature n’a pas de droits, les océans, les fleuves et les rivières n’ont pas de droits, les forêts et les sols nourriciers n’ont pas de droits, le ver de terre n’a pas de droits. Extrait de l’Éloge du ver de terre n°2. Les pesticides ont des droits, la loi les protège.

Évacuons tout de suite ce mépris qui consiste toujours à blâmer les agriculteurs dès qu’on aborde ce sujet. Rappelons qu’ils utilisent des pesticides censés être respectueux de l’environnement aux yeux de la loi. Sont-ils pour autant responsables du laxisme de la loi ? Que la loi fasse la part belle aux firmes de la chimie ? Non, non et non. Même l’intensification de l’agriculture est une décision politique inscrite au cœur de nos lois. Je ne cherche pas à les excuser, j’invite seulement à ne pas se tromper d’ennemis.

L’intensification agricole, un choix civilisationnel

Prenons l’exemple d’une législation évolutive

En théorie, une agriculture sans pesticides est possible

En théorie, l’agriculture biologique devrait être sans pesticides, sauf qu’elle en utilise. Certes, leur usage n’est pas systématique, contrairement aux agricultures intensives et régénératrices, mais elle en utilise. Certains pesticides sont même communs, comme la bouillie bordelaise ou les insecticides à base de pyréthrines. La seule différence est de ne pas être issus de la chimie de synthèse, sauf pour la « bouillie ». Les pesticides homologués bio ont une faible rémanence dans l’environnement, autrement dit on ne les retrouve pas dans l’eau du robinet, ils sont plus sécurisés, car leur protocole d’homologation est plus sévère.

Pourquoi utilise-t-on des pesticides en bio ?

On ne gère pas 10 choux dans son jardin comme 10 000 dans un champ, on ne gère pas 10 pieds de pommes de terre comme 10 hectares de patates. Dans un potager, l’observation régulière suffit amplement à anticiper et gérer les parasites. Chimiques ou bio, tous les produits devraient y être proscrits, car ils sont contre-productifs. Contre-productifs, car en détruisant le « nuisible », on détruit au même titre son prédateur ainsi que tous les auxiliaires qui passaient dans le coin. Cet enchaînement morbide est la face sombre des pesticides.

Nous n’en sortirons pas avant le retour de la bougie

Vu l’état actuel de la planète, du climat, des sols et des rendements imposés, vu l’intensification des cycles de l’eau et du carbone, vu les variétés cultivées, la démographie et la crise de la matière organique, comment peut-on croire se passer des 2 piliers de l’intensification que sont les pesticides et les engrais chimiques ? De plus dans un contexte mondial où les nations s’accaparent à l’étranger les terres agricoles pour produire de l’énergie (gaz et électricité) et des biocarburants, et où l’injonction politique est la croissance, l’intensification de l’agriculture intensive, la performance, la compétition et les rendements financiers.

Le seul possible est de moderniser le protocole d’homologation des pesticides pour diminuer au maximum leur impact toxique sur la planète. Et il est dans les mains des élus de la République.

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