À quoi bon écrire ?
Transmettre. Partager.
Quand l’info nourrit l’intox.
Pourquoi continuer à nourrir la bête — cette machine à broyer le vrai ?
Car informer, c’est trop souvent huiler l’engrenage de la désinformation !

Jamais, on n’en a autant parlé,
mais jamais on n’en a aussi mal parlé !

À l’exemple que les vers de terre fuiraient la pluie pour ne pas périr noyés ;
se nourriraient de microbes et non de matière organique ;
engloutiraient 20 à 30 fois leur poids en terre par jour ;
se reproduiraient « spontanément » ;
seraient gluants ;
seraient les animaux les plus importants sur Terre,
et les plus nombreux ;
que la charrue les tuerait ;
que leur intestin serait fongicide ;
qu’ils donneraient un bon goût aux légumes ;
qu’ils auraient des super-pouvoirs ;
qu’ils se rassembleraient pour former des boules…
Sans oublier l’éternel cliché qu’en couper 1 en 2 en ferait 2 !

Stop.

Dès qu’il s’agit de vers de terre, certains journalistes s’autorisent à y déverser leur imaginaire. Dernièrement, 2 ont franchi le Rubicon en réécrivant la science. Selon ces aventuriers, il n’existe que deux types de vers de terre : les laboureurs et les lombrics ! Et on ne trouve pas de lombrics dans un jardin, mais des laboureurs… No comment, leur hiérarchie a validé et ils ont fait le buzz sur les réseaux sociaux.

N’étant pas innocent au fait qu’on en parle beaucoup depuis la sortie de mon Éloge du ver de terre en 2018, comprendrez mon agacement. Oui, ce livre a mis le feu aux poudres de l’intox ; si je n’avais rien dit, rien fait, nous n’en serions pas là… Triste constat.

Et sachant qu’il faut 10 fois plus d’énergie pour démonter un mensonge que pour l’inventer, la bêtise a toujours une longueur d’avance. Et plus on avance, plus l’écart se creuse, et plus il se creuse, plus il nous éloigne de la connaissance et du réel. Retour au Moyen Âge où l’Église catholique reléguait les savoirs au rang des démoniaques vers de terre ! Fumiers de soutanes.

Beaucoup d’animalistes et de naturalistes autoproclamés ont enfilé la robe et participent à cet abêtissement généralisé, par leur méconnaissance des écosystèmes. Quelques scientifiques ne sont pas en reste… déjà, le ver de terre s’en inquiétait en 2018 dans son Éloge (Flammarion) :

Comment expliquer que l’humain se plaise à la lisière de la pensée ?
Qu’il aime les mondes imaginaires qui le font roi ?
Qu’il se satisfasse d’un monde enfantin où il brille ?
Qu’il se régale d’un monde sans idées en dehors de celle qu’il se fait de lui-même ?

Le 1er juillet dernier : « Manger bio : seule échappatoire face à un empoisonnement de masse ». Un titre de presse outrancier et manipulateur qui déserte le terrain de l’information pour celui de l’opinion. Contactée, la journaliste s’est réfugiée derrière la parole d’un scientifique. Or, que vaut celle d’un scientifique menteur ? Vaut-elle plus que celle d’un mythomane ? L’article a fait le buzz (source). Je pourrais le démonter, mais à quoi bon, puisque beaucoup ont choisi d’y croire… D’où ce qui suit :

Basique, les gens n’ont plus les bases
de tout sujet, font mille phrases,
sans penser plus qu’un moineau
qui chante au vent sans dire mot.

Trop de becs ouverts
trop d’oreilles fermées,
trop d’ignorants croient savoir et se font roi,
plein d’assurance, ils prétendent faire science
mais le sot qui s’avoue sot est toujours moins sot 
que le sot qui se croit savant.

Pire que l’ignorance : l’illusion de savoir.

Le blog, mon blog ? Facebook ?
C’est has been.
Pas faux.

Alors j’ai voulu partir sur un magazine.
Tout faux.

Insta. TikTok. YouTube,
c’est du vent. Que faire ?
Se taire ou se faire éditer ?
Quand beaucoup d’éditeurs ne sont plus que de simples marques commerciales propriétés des grandes fortunes.
Pas bête,
la guêpe,
ils possèdent toute la chaîne jusqu’aux médias pour contrôler les idées qui circulent et en faire la promotion de leurs produits ! Et mes mots, un combat permanent pour conserver leur sens — à l’exemple de mon dernier livre dont le titre révèle que le sens a échappé à mon éditeur !

200 nouveaux livres publiés chaque jour en France !
Ajoutez entre 10 000 et 20 000 articles de presse,
et plus de 1 000 reportages vidéo : une industrie de l’information.

Un déluge quotidien pour vendre des idées et des espaces publicitaires, gagner des parts de marchés et aspirer goulûment des subventions publiques, voilà la mécanique. Cette pression nous isole tous les uns des autres en nous confinant dans notre imaginaire, loin du réel, une vieille technique managériale pour diviser pour mieux régner et empêcher les gens de faire peuple.

Les communicants le savent bien : notre cerveau est limité et manipulable, il ne peut penser à plein de choses en même temps. Alors, il raccourcit, résume, simplifie — réécrit la réalité en fonction de la sienne !
Ai-je envie de participer à ça ?

Non.

Mais alors, qui va parler au nom des vers de terre ?
quand tout le monde parle au nom de l’argent.

La suite prochainement.
Photo : Emmanuel Combeau


J’y serai pour 2 rendez-vous dans le cadre des ESTIVALES de la permaculture.

14h–15h — L’urine au jardin : comment la valoriser ?
Comment nos pipis et cacas nourrissent la terre qui nous nourrit ?

17h — Éloge des vers de terre
Quiz participatif & mises en situation ludiques pour les découvrir.
Bonne humeur garantie.
Vous n’en ressortirez pas indemne !

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