Micro-vies pour macro-enjeux : le sol est l’habitat des vers de terre et leur défense un acte politique. Je vous annonçais en septembre leur victoire historique, suite à la condamnation de l’État. Certes, une victoire éclatante, mais qui peut réellement forcer l’État à exécuter sa « peine » ?

L’État est juge, jamais justiciable, et les exemples sont hélas nombreux où il s’est assis sur la justice en matière de protection de l’environnement. Bilan : son verdict vient de tomber. Il n’exécutera pas ce jugement !

Aussi insignifiants soient-ils, force est de constater que les vers de terre font trembler l’État. Pourtant, son exécution n’était pas la mer à boire : une simple mesure de justice « sociale ».

La folie… En écrivant cet article, j’ai découvert que le gouvernement préparait un décret pour faciliter (ou accélérer) la destruction des haies ! Source. Un autre coup bas contre la biodiversité des espèces de vers de terre, d’oiseaux, etc. Lire : Les haies sont des refuges naturels pour les vers de terre, des corridors du vivant. La folie, vous dis-je, le pompon en bas de la page !

Même si j’alerte depuis 10 ans, nous devons cette « victoire » à la Cour administrative d’appel de Paris et à cinq ONG requérantes : Biodiversité sous nos pieds, l’ASPAS, Pollinis, Notre Affaire à Tous et ANPER-TOS. Une décision à exécution immédiate, car elle a été rendue par une Cour d’appel et sans aucun sursis.

Mais voila, non content de s’assoir sur le jugement, le gouvernement vient de se pourvoir en cassation aux côtés du syndicat des producteurs de pesticides ! Ce syndicat s’était dès le départ invité dans la procédure pour, si je puis dire, défendre les intérêts de l’État. Une association détonante : l’État, garant de l’intérêt collectif, est ici défendu par des intérêts privés.

Dans la même veine, nous venons d’apprendre, par la cellule d’investigation de Radio France, que le gouvernement avait dit oui aux « produits ultra-transformés » et à la malbouffe ! Source. Devant le tollé médiatique, il a reporté la sortie de son texte ! Mais ce n’est que partie remise, pendant les vacances de Noël, il pourrait passer inaperçu. En plus, quel beau cadeau empoisonné pour les enfants, vu l’impact de cette merde sur leur santé. Désolé, je m’emporte.

Le 3 septembre dernier, l’État a été condamné à revoir sa procédure d’autorisation de mise sur le marché des pesticides en y intégrant les espèces non cibles. Concrètement, il doit désormais évaluer la toxicité des pesticides à la lumière des connaissances scientifiques les plus récentes et prendre en compte les vers de terre. Cf. la décision de justice.

C’est la première fois que les espèces non cibles sont explicitement mentionnées dans une décision de justice, ce qui confère à ce jugement un caractère historique.

C’est une espèce autre que celle ciblée par le pesticide et susceptible d’y être exposée. À commencer par les vers de terre et la faune qui s’en nourrit (oiseaux…), mais aussi de la faune du sol et des espèces qui y nichent à l’exemple des couleuvres (protégées), amphibiens, mammifères sauvages… Oui, ça fait du monde, mais c’est précisément le sens de la bio-diversité et d’un environnement équilibré.

Pour cela, le gouvernement avait 2 ans pour revoir l’ensemble des autorisations déjà délivrées. Reconnaissons que le délai était trop court vu les enjeux : la rémanence des pesticides dans l’environnement étant un facteur d’empoisonnement qui exige du temps pour être mesurée, surtout vu le nombre d’espèces non cibles et de la complexité de leurs interactions. Désormais, c’est balayé, le gouvernement ne fera rien, car il a une bonne raison d’attendre.

Par souci de simplification… la Commission européenne planche sur un texte qui autoriserait les pesticides indéfiniment. Plus besoin de les réévaluer régulièrement à la lumière des connaissances scientifiques les plus récentes : une fois autorisés, ils le seraient pour toujours (source) ! Du gagnant-gagnant pour les multinationales et leurs actionnaires, après eux, le déluge ; pour eux, nous sommes de la merde. Désolé, je m’emporte.

Une fois cette directive européenne votée, notre gouvernement pourra s’y abriter en arguant le respect du droit. Raison pour laquelle Phyteis, le syndicat des producteurs de pesticides, l’aide à traîner les pieds le plus longtemps possible !

Par souci de simplification,
les victoires se changent en défaites,
un naufrage.

En 2019, après l’Éloge du ver de terre puis de l’abeille, j’avais proposé un manuscrit qui répondait à cette seule question : allons-nous vers un monde avec plus ou moins de pesticides ? Ils m’ont pris pour un rigolo, les autres éditeurs m’ont ri au nez, car pour beaucoup de citadins, les pesticides seront bientôt qu’un mauvais souvenir !

Sauf que ce scénario radical d’une autorisation perpétuelle des pesticides, je ne l’avais même pas imaginé, tant il est enfantin, immature, contre nature. J’ai réécrit plusieurs fois mon manuscrit depuis 2019, et j’espère qu’un jour il trouvera son éditeur. Extrait :

Sommes-nous condamnés à vivre dans un monde avec toujours plus de pesticides ?

Famille agricole, lycée agricole, j’ai été formé à la technologie des pesticides. Sous-entendu, à la destruction de la biodiversité pour protéger les récoltes. C’était le projet à la fin des années 70, et il semble toujours d’actualité, malgré le verdissement des discours. Oh, pas d’inquiétude, je ne vais pas vous assommer de chiffres ou d’études scientifiques pour vous prouver que les pesticides sont le poison ou la solution. Non, je vais simplement m’en tenir aux faits, ils sont suffisamment parlants. L’usage des pesticides est une décision politique et non agricole. Démonstration.

À la semaine prochaine.
Christophe Gatineau

NEWSLETTER

Inscrivez-vous pour la recevoir dans votre boîte de réception.

Nous ne spammons pas ! Consultez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *