Les premières traces datent de 508 millions d’années, à l’époque où les ancêtres du ver de terre vivaient encore dans les océans — à l’instar de nos propres ancêtres…

Pour être précis, il faudrait parler des Annélides. Le groupe auquel ils appartiennent et dont quelques espèces sont sorties de l’eau 300 millions d’années plus tard. À noter que 99 % de ces espèces vermiformes et segmentées en anneaux, les Annélides, vivent toujours dans les mers ! Source MNHN

Première forme de vie sur Terre, nous en descendons tous. Certes, c’est moins glorieux que de descendre du Ciel ou sortir de la cuisse de Jupiter, mais comment défendre le vivant si nous ignorons d’où il vient ? Je relate l’histoire suivante dans L’ÉLOGE DU VER DE TERRE (épuisé) :

« En 1859, quand Darwin publie « L’Origine des espèces au moyen de la sélection naturelle », Benjamin Disraeli, le Premier ministre britannique de l’époque s’indigne : La question est la suivante : L’Homme descend-il du singe ou de l’ange ? Moi, Monseigneur, je suis du côté des anges. Et je répudie avec indignation et horreur ces nouvelles théories modernes

Quant à l’épouse de l’évêque de Manchester, elle aurait dit : Descendre du singe ? Espérons que ce n’est pas vrai… Mais si ça l’est, prions pour que la chose ne s’ébruite pas ! »

Nous ne descendons ni du singe ni des anges (prions pour que ça s’ébruite), mais du plancton. Et c’est Vincent Doumeizel qui nous le raconte dans un livre qui vient de sortir aux Éditions des Équateurs  : LE MANIFESTE DU PLANCTON – L’avenir du Vivant.

— « Ils se caractérisent par leur mode de vie en suspens et leur incapacité à remonter le courant qui les porte. Ces vagabonds sont aussi nos ancêtres! Nous, tout comme notre poisson rouge, sommes des descendants du plancton. » écrit l’auteur du Manifeste.

— «  Au gré de ses errances et déplacements, pour se nourrir de lumière et de nutriments flottant dans l’Océan, le plancton a aussi transformé son environnement et inventé les cycles géochimiques des principaux éléments. »

À l’exemple de la photosynthèse qui a permis le développement du vivant hors de l’eau. C’est uniquement grâce à ce processus biochimique, né des micro-organismes planctoniques il y a environ 3,8 milliards d’années, que nous sommes actuellement en vie. Les plantes n’ont rien inventé… elles l’ont hérité du plancton : premier producteur d’oxygène sur la Terre.

— « Alors que nous nous inquiétons du sort des tortues, des dauphins, des grands poissons et des baleines, il est urgent de nous pencher sur ce qui les nourrit, à savoir le plancton », rappelle Vincent Doumeizel.

Tant de fois ai-je écrit la même chose au sujet du ver de terre : il est urgent de nous pencher sur ce qui nous nourrit, ou sur ce qui nourrit les animaux qui nous nourrissent.
Un vœu pieux, car, comme au Moyen Âge, les religions ont plus d’influence sur les décisions politiques que la science, qui n’en a quasiment aucune. Désolé pour les générations futures, moi qui suis né à une époque où les océans n’étaient pas encore plastifiés et où la vie y foisonnait comme dans les sols. Extrait de NE TIRONS PLUS LA CHASSE [un livre qui explique par ailleurs pourquoi un tiers des jeunes enfants français sont en surdosage de cadmium ! Cf. art. sur ce métal lourd ultra toxique.]

«  On peut voir un océan comme une vaste étendue d’eau salée, et ne voir que ça. On peut aussi le voir comme le poumon de la planète, le régulateur du climat ou l’un des réservoirs majeurs de biodiversité, ou simplement comme un milieu où on vient sur le bord se dorer la pilule, pratiquer des sports nautiques ou établir des records de vitesse autour du monde. Je n’ai jamais pris la mer, mais elle sale encore mes mots de ses embruns du temps où nous emmenions nos vaches brouter entre terre et mer dans les marais de l’ancien golfe de Saintonge. »

Certes, ce livre fait parfois penser à un journal des solutions, comme l’exigent généralement les éditeurs, et le plancton y est mis à toutes les sauces jusqu’au recyclage de nos déjections, sujet de NE PAS TIRER LA CHASSE.

Un autre bémol : « Étonnamment, c’est à la fois l’un des écosystèmes les plus méconnus, mais aussi le plus important de notre planète : il représente 95% de la biomasse dans l’Océan ! » écrit-il. Les dernières études scientifiques suggèrent à l’inverse que c’est le sol — l’habitat des vers de terre — le milieu le plus bio diversifié : plus de la moitié de la biodiversité mondiale y résidant.

« Le plancton est omniprésent sur notre planète: dans l’eau douce, salée, glacée et même dans l’air. Il crée un lien vivant entre les continents et leurs écosystèmes, reliant mers et côtes, torrents et vallées, atmosphère et sédiments marins, sous-sols et nuages. Sa diversité génétique immense et ses formes multiples le relient à tous les domaines du Vivant dont il est la pierre angulaire. Au cours de l’histoire de notre planète, il a modelé les conditions de vie dans l’Océan puis sur terre pour rendre l’ensemble de notre planète hospitalière, jouant un rôle décisif dans la régulation du climat et l’équilibre des écosystèmes. »

Rien à ajouter,
tout est si bien dit
— Prions pour que ça s’ébruite…

La 3ᵉ Conférence des Nations Unies sur l’Océan s’est achevée cette semaine.
Qu’en dire ?
Que ça ressemble à une COP, une conférence sur le climat.
Pendant quelques jours, les Puissants s’achètent une bonne conscience en se chatouillant le nombril.
L’humoriste romande, Julie Conti, l’a si bien résumé :

« Niveau organisation, la conférence pour les océans est divisée en plusieurs espaces.
La Zone Bleue, réservée aux États et aux officiels, donc c’est là qu’on fait semblant d’agir.
La Zone Verte, ouverte au public et aux ONG, c’est là qu’on fait semblant d’y croire…
Et les lobbyistes des énergies fossiles et de la pêche ils sont où ?
Ben comme d’hab dans la zone grise pour vérifier qu’on va rien décider de contraignant. D’ailleurs l’armateur CMA-CGM a filé 2 millions pour l’organisation… Écoutez la suite

Les vers de terre étaient présents bien avant les colons en Amérique : « Il y a 508 millions d’années, le canyon Marble (Colorado) pullulait d’annélides… /  les sédiments retrouvés dans l’intestin fossilisé donnent à penser que ces vers jouaient un rôle important dans la chaîne alimentaire. Ils recyclaient la matière organique sédimentée avant de nourrir eux-mêmes leurs prédateurs, comme le font aujourd’hui les espèces apparentées dans les écosystèmes contemporains. » Musée royal de l’Ontario (ROM)

Dernier jour pour le financement participatif

Nous sommes présents dans le paysage médiatique depuis 2014, mais la situation politique orchestrée par Macron avec la fin des aides publiques aux associations comme la nôtre, fait que nous ne pouvons plus continuer sans votre soutien.

Nous avions le soutien de l’OFB (Office Français de la Biodiversité) jusqu’en 2021. Depuis, nous avons vécu sur nos propres ressources, mais c’est fini, nous venons de licencier notre seule salariée à mi-temps.

Dimanche prochain, je dresserai un bilan et vous présenterai les évolutions à venir de ce site.

Ce même dimanche, France Télévisions diffusera un reportage de 13 minutes tourné chez moi.

Et pour ceux qui souhaitent me rencontrer, je serai présent au Salon du livre de Limoges, de vendredi à dimanche prochain, sur le stand n°7. Et le samedi, je participerai à une table ronde sur le Vivant.