Les médias ne savent plus sur quel pied danser face à la colonisation de nos territoires par l’agro-industrie. Quant aux Français, ils sont d’accord tant que ces mégafermes restent loin de leurs yeux et ne dévalorisent pas leur patrimoine.

En France, il y a plus de 3 000 fermes-usines (source) où 200 millions d’animaux sont enfermés avant d’être mangés par des Français qui n’ont jamais autant mangé de viande ! Depuis que je suis né, la consommation de viande a doublé. Avant, elle avait déjà doublé entre la naissance de ma grand-mère et la mienne.

Et ils mangent des animaux de plus en plus jeunes…
Un poulet vit désormais 35 jours !
Il n’a même plus le temps de prendre conscience qu’il est vivant qu’il est déjà mort.

Cette semaine, le préfet de la Haute-Vienne a donné son feu vert à une nouvelle ferme-usine : un centre d’engraissement pour accélérer la prise de poids des bovins et produire plus de viande, plus vite.

Et le bien-être animal ?
Allons… Le vrai sujet, c’est le bien-être de l’actionnaire !

À l’origine, ce centre devait devenir le plus grand site d’engraissement bovin de France. Or, la presse n’a jamais eu le courage d’aller sur ce terrain. Pire : le quotidien régional titrait jeudi dernier : La ferme de 2.120 bovins autorisée à Peyrilhac

Comme si c’était une ferme…
Pourquoi 2 000, puisque le double en sortira ?
Pourquoi minorer sans cesse pour faire accepter ?
Dans une usine, ce qui compte, c’est le rendement annuel.
4 000 finiront au crochet tous les ans.

Le journal Libération a débuté son article sur « les riverains râleurs ». C’est racoleur, ça fait référence aux histoires de coqs qui chantent trop fort et aux bobos néo-ruraux mécontents. Sauf que les « râleurs » sont ici les gens du cru — d’honnêtes citoyens qui luttent contre la colonisation de leur territoire.

« L’hostilité croît entre les habitants et l’exploitant », lit-on. Sauf que l’exploitant n’est pas un agriculteur, mais un industriel coté en bourse.

« Une situation révélatrice des tensions autour de l’avenir du secteur agricole. » Waouh, la journaliste évoque l’avenir de l’agro-industrie… “Secteur agricole” a remplacé le mot : agriculture ; la rentabilité économique a balayé l’humain et le terroir, tout ça participe à l’acceptation sociale de ces projets industriels.

Et la journaliste poursuit : « En apparence, tout est calme. L’odeur de fumier, commune dans les cours de fermes, n’est pas plus forte qu’ailleurs. On entend quelques vaches qui meuglent et tapent contre les barrières. Même si les choses semblent calmes ce jour d’avril, les riverains, eux, enragent… » Le ton est donné : quasi folklorique. Source.

TF1 fera encore mieux. Après la diffusion d’un reportage sur le sujet, la journaliste conclura, l’air de rien, que nous n’avons pas le choix : il faut bien nourrir la population

Et l’effacement discret et progressif de l’agriculture — l’agriculteur cédant sa place à l’actionnaire et aux cours de la bourse. Prochaine étape pour Peyrilhac : l’implantation de méthaniseurs dits “agricoles” pour produire du gaz dit “bio”. Pour valoriser les bouses, le discours est bien rodé… J’ai publié récemment : La méthanisation agricole lave les cerveaux comme Omo lavait plus blanc que blanc en son temps

Sur Peyrilhac, j’ai publié en 2024 : Des vers de terre et des vaches, une symbiose et un ennemi commun : les fermes-usines. Et en 2025 : Usine à bovins XXL : l’affaire de Peyrilhac (Limousin). Ci-dessous, un extrait de mon livre sorti en 2021 : « La méthanisation agricole, une énergie qui sent le gaz ! »


Des nouvelles du magazine Ver De Terre & Earthworm

Pour lequel un financement participatif est en cours. Découvrir.
Hier, j’ai enregistré la vidéo ci-dessous.