Le 21 octobre, Journée mondiale des vers de terre [communiqué de presse]

La journée mondiale des vers de terre a été initiée en 2016 par la Société britannique des vers de terre. En France, elle fait son apparition quatre ans plus tard dans le sillage de Sauver le ver de terre. Portée par Le Jardin vivant, elle prend tous les ans un peu plus d’ampleur. En 2022, de nombreux médias nationaux ont profité de l’occasion pour les célébrer. Merci à eux.

Si les vers de terre étaient un pays,
ils seraient le premier producteur
européen de céréales

Source Nature du 26/09/2023, où il est écrit qu’ils contribuent à 6,45% de la production mondiale de grains, soit environ 128 millions de tonnes. Valeur marchande de leur travail sur les marchés internationaux : 28 milliards d’euros.

Le 12/05/2008, une étude commanditée par le gouvernement irlandais estimait déjà leur contribution à la richesse nationale à 700 millions d’euros, et un milliard en incluant leur rôle dans le labourage biologique des sols.

Encore oubliés par le gouvernement

Les vers de terre encore écartés du nouveau plan de Sauvegarde national de la biodiversité (SNB 2023/2030 du 19 juillet). Rappelons que l’objectif est : « de réduire les pressions sur la biodiversité, de protéger et restaurer les écosystèmes et de susciter des changements en profondeur… » (source)

Une volte-face du gouvernement par rapport à sa position du 14/12/2021 : « Garants de sa bonne santé, leur rôle est considérable : ils assurent le cycle des nutriments, la transformation du carbone ou encore la régulation des ravageurs et des maladies. La monoculture, le labour profond et les produits phytosanitaires affectent aujourd’hui cet équilibre en appauvrissant les terres. » Journal officiel.

Glyphosate, une menace bien réelle
pour les vers de terre

Sur les 9 535 études scientifiques consacrées au glyphosate depuis 1974, seulement une soixantaine se sont penchées sur les vers de terre. La dernière en date est française, menée par une directrice de recherche de l’INRAE d’Avignon, Céline Pelosi (Pelosi et al., 2022) : « … elle montre une forte bioaccumulation de glyphosate dans les vers de terre. »

Notre tribune dans Le Monde du 12/10/2023 : LIRE
Notre tribune dans Le Monde du 12/10/2023

Toujours oubliés dans l’évaluation des pesticides

La toxicité des pesticides n’est toujours pas testée sur eux, à l’exemple du glyphosate classé non dangereux pour les vers de terre. Donc, par contumace ou défaut… le glyphosate est jugé légalement inoffensif, un jugement qui tranche avec la réalité scientifique qui a démontré le contraire.

Nous avons attendu d’être le nez dans la fournaise avant de réagir sur les énergies fossiles, attendrons-nous de l’avoir dans la poussière pour comprendre que les herbicides ne tuent pas que les mauvaises herbes ? 😡

Toutes les heures,
les vers de terre perdent du terrain

Artificialisation. L’équivalent de 5 terrains de football est artificialisé toutes les heures en France depuis 10 ans. Source ministère de l’Écologie – 23/09/2023. Ce qui réduit leur espace vital d’autant.

Ils ne sont pas la première
masse animale terrestre

L’information avait fait grand bruit en 2014, mais elle a été balayée en 2018 par une étude d’une grande ampleur qui a impliqué des milliers de chercheurs. Ils pèsent même moins lourd que les virus ou les animaux domestiques sur la planète ! La première masse animale, ce sont les arthropodes, les sans vertèbres aux pieds articulés. Plus d’info dans l’Éloge du ver de terre, tome 2, ou utilisez le formulaire de contact, Facebook ou Twitter. Service réservé aux journalistes.

Éloge du ver de terre

Après le succès de l’Éloge du ver de terre sorti en 2018 chez Flammarion, le tome 2, la suite est sortie le 12 avril 2023.

Voir la vidéo de l’AFP lors de la sortie du livre

Déforestation et disparition des vers de terre
mêmes causes, mêmes conséquences,
l’inexistence juridique

À l’instar de la déforestation, la destruction de l’environnement découle de l’inexistence juridique de la Nature.

Pour protéger les vers de terre, il est nécessaire de leur accorder une personnalité juridique. Un château, un tableau, qu’ils soient privés ou publics, sont protégés par la loi française. De même, l’environnement d’un monument historique est protégé par la loi, contrairement à l’habitat des vers de terre, les sols, pourtant essentiels à notre alimentation.

Qu’est-ce que la personnalité juridique exactement ?

Le Code civil ne la définit pas en tant que telle, mais on peut la définir comme l’aptitude à avoir des droits et des devoirs. Par exemple, vous et moi avons des droits, un esclave n’en avait aucun. D’ailleurs, au 17e siècle, l’État français avait promulgué une loi pour sortir les esclaves du droit. Une entreprise a des droits, une rivière n’en a pas. La Nouvelle-Zélande et l’Inde sont des pionniers dans ce domaine. Le fleuve Whanganui en Nouvelle-Zélande a obtenu les mêmes droits qu’une personne depuis 2017, tout comme le Gange et la Yamuna en Inde. Certains arbres bénéficient d’une protection, soit pour leur intérêt historique, soit parce qu’ils rentrent dans le champ d’un monument historique ou d’un PLU, mais jamais ils ne sont jamais classés parce qu’ils sont arbres.

Les vers de terre sont volontairement
maintenus hors du droit afin de ne pas
entraver le développement agricole
.

À quoi servent-ils ?

Ils interagissent sur la qualité des sols et la croissance des plantes, ils sont à la source de notre alimentation et source d’alimentation pour énormément d’animaux : oiseaux (rouges-gorges, merles, hérons… reptiles, mammifères (musaraignes, hérissons, sangliers, renards, loups, taupes, blaireaux…), mollusques (limaces rouges), batraciens (crapauds), insectes (Carabes), poissons, oiseaux de basse-cour…

  • Ingénieurs, ils creusent le sol et permettent ainsi à l’eau et l’air de s’y infiltrer
  • Digesteurs, ils aident à transformer la matière organique en nourriture pour les plantes
  • Nourrisseurs, ils nourrissent les plantes en « butinant » leurs exsudats racinaires
  • Laboureurs, ils brassent les différentes couches des sols
  • Rajeunisseurs, ils remettent sans cesse à neuf les sols pour qu’ils ne vieillissent pas
    • Ils séquestrent le carbone dans leur matière fécale.
    • Ils apaisent ainsi le cycle du carbone dans le sol.
    • Contre leur gré, ils sont une source de nourriture pour de nombreux animaux.

Quelques articles à disposition

Contact

Pour toute information complémentaire, veuillez utiliser le formulaire de contact, Facebook ou Twitter. Service réservé aux journalistes.

CONTACT. Christophe Gatineau, géodrilologue de terrain, agronome et auteur de 3 livres sur les vers de terre :

Éloge du ver de terre (Flammarion, 2018)
Éloge de l’abeille (Flammarion, 2019)
Sauver le ver de terre (2020)
Éloge du ver de terre, tome 2 (2023)