Dans les coulisses du vivant, les racines

Une plante sans racines n’a pas plus d’avenir
qu’un poisson rouge sans son bocal !

Une plante est constituée de tiges aériennes et souterraines, ces dernières étant plus communément appelées : racines. Et la vie aérienne, sur la terre ferme, ne se serait jamais développée sans elles. Et elles ne se seraient pas développées sans la vie sous terre !

Curieux de voir la vie ainsi. Sans racines, nous aurions été plus que déracinés : tous condamnés à être des mammifères marins ou à ne pas être. Eh oui, nous devons notre existence aux racines des plantes et à toutes ces vies minuscules qui les nourrissent. Et si l’image, ci-dessous, donne un aperçu de leur diversité, elle nous en dit également beaucoup sur la « racinosphère » : l’aire ou la zone d’influence des racines.

Allium porum, le poireau

Cynara scolymus, l’artichaut

Cynara scolymus : haricot non grimpant

Cynara scolymus : haricot grimpant…

Extrait de La Permaculture à nos jours (2015) : « Quand j’écris le mot atmosphère, chacun se représente spontanément la sphère gazeuse qui enveloppe notre planète. Difficile de s’imaginer autre chose. En revanche, quand j’écris le mot rhizosphère, ça vous évoque quoi ? Quand j’écris le mot biosphère, après une petite gymnastique intellectuelle (bio = biologique = vie cellulaire = vivant = organique…), chacun finit par se représenter l’espace terrestre où se manifeste la vie. Quand j’écris le mot rhizosphère, chacun devrait donc se représenter la partie de la planète où se développent les racines, le mot racine étant un synonyme de rhizome. »

Un cousin, mais pas un frère !

En effet, et sauf erreur de ma part, la racine est la tige qui fixe la plante au sol tout en assurant son alimentation, quand le rhizome est une racine spécialisée et vivace qui se déplace parallèlement à la surface du sol pour donner de nouvelles tiges. Et étonnamment, la rhizosphère est la partie du sol où évoluent les racines ! De 0,40 à 3 mètres suivant les espèces, plusieurs dizaines pour certains arbres.

Mais voilà, autant l’idée, que chaque espèce animale influence le milieu, est admise, même les vers de terre ont leur zone d’influence, la drilosphère, autant les plantes continuent d’être vues comme des êtres amorphes et soumis.

Extrait de Sauver le… publié au mois de septembre : « Loin d’être écervelées, tout porte à croire que les plantes veulent avoir la main sur leur environnement. Au niveau sexuel comme nutritionnel, elles établissent des partenariats : Je te donne du sucre, tu me donnes des nutriments. Nous savons aujourd’hui que beaucoup passent ce deal avec les champignons et les bactéries, et on découvre que certaines le passent également avec les vers de terre. Mais ce n’est pas systématique, en fonction de leurs besoins. »

On nous a enfoncé dans le crâne la supériorité de l’espèce humaine

Que nous étions en haut de la pyramide, et qu’en contrebas, il y avait les mammifères supérieurs, et tout en bas, les plantes et les vers de terre ! Mais cette idée, d’un sommet dynamique et d’un bas soumis et asservi, n’est qu’une croyance sans aucun fondement scientifique. Une idée soutenue depuis 2 000 ans par ceux qui réfutent l’idée d’évolution et de phylogénie, une idée qui colporte que chaque être est tel qu’il a été créé, une fake news qui marque encore nos esprits de son empreinte indélébile.

Et pourtant, rien ne nous empêche d’arrêter de tourner en rond pour surfer d’autres idées. Comme rien n’est supérieur ni inférieur. Ou rien n’est pyramidale, puisque tout est transversal, tous les êtres vivants étant en même temps amorphe et dynamique à l’image des plantes qui mènent la danse sur la planète 🙂 En plus, c’est scientifiquement soutenable, car la fixité les oblige. Extrait de l’Éloge de l’abeille :

« Quant aux «mouches à miel », l’ancien nom donné aux abeilles mellifères, elles piquent, ça fait mal, mais elles fabriquent le miel. Ça, c’est ce que nous croyons. Et ce n’est pas faux sans être complètement vrai, car ce ne sont pas elles qui le créent, mais les plantes ! (…) Butiner, c’est faire du butin sur le dos de quelqu’un, prendre par-ci par-là, par extension, chaparder, filouter, voler. Or, quand l’abeille butine, elle ne « vole » pas, au contraire, elle est l’objet d’une manœuvre à connotation sexuelle. Ne mélangeons pas tout, elle n’est pas victime d’une agression sexuelle, seulement manipulée à son insu, mais pas à l’insu de son plein gré ! Oui, ce sont bien les plantes qui utilisent ces demoiselles en les appâtant avec leur miel appelé nectar ! Mais qu’ont-elles derrière la tête pour agir ainsi ? Se faire féconder, pour être poli ! »

Elles mènent la danse

Mener la danse peut sembler excessif, sauf que c’est bien grâce aux racines des plantes que la vie sur le sol s’est développée. D’accord, grâce aussi au manteau magnétique généré par le magma terrestre, à l’eau, à la lumière… D’accord, les plantes collaborent et font des partenariats, mais elles se livrent également une guerre impitoyable sous terre pour la nourriture. D’ailleurs, pourquoi certaines iraient-elles jusqu’à se délester d’un tiers de leur production de sucre via leurs racines (Chap. exsudats racinaires de Sauver-le), sinon pour appâter ? Appâter, dans le sens d’attirer des collaborateurs.

Alors le mot « racinosphère » pourrait caractériser la sphère d’influence de chaque plante dans la rhizosphère, la « racinosphère » étant par ailleurs dépendante de la rhizosphère du milieu, et en particulier de la manière dont il est cultivée. Exemple avec le maïs.

Daucus carota : la carotte

Solanum tuberosum, la pomme de terre

Allium sepa, l’oignon

Beta vulgaris, la betterave commune

Triticum aestivum, le blé tendre

Des racines qui descendent quasiment à 2 mètres… Source

Triticum turgidum, le blé dur

Autres relevés de blé.

Medicago sativa, la luzerne

Extrait d’une collection de 1002 dessins mis en ligne récemment par l’université de Wageningue au Pays-Bas.

3 réflexions sur “Dans les coulisses du vivant, les racines”

  1. Merci beaucoup pour cet article très pointu sur les coulisses du vivant.

    C’est très intéressant votre point exemple de l’abeille et de voir comment ce sont les plantes qui finalement mène la danse. Nous pourrions en dire de même des champignons.

    Cela me rappelle le cas de la truffe qui pour propager son mycelium et donc se reproduire attire les chiens et cochons à l’aide de son odeur.

    Bien cordialement.

  2. Bonjour,

    L’exemple de l’abeille qui fabrique le miel, mais pas vraiment, me parle! C’est vrai que la plante joue un rôle dans son élaboration brute, avec le nectar!

    Cela me fait penser à l’exemple des plantes et des champignons. Les plantes fabriquent des sucres et des racines, mais pas vraiment. Beaucoup de plantes sont associées à des champignons aux niveaux des racines, ce qui augmente leurs surfaces d’absorptions. De plus, synthétiquement, les champignons donnent des sucres aux plantes et ces dernières leurs offrent un habitat et des composés carbonés directement assimilables !

    Nous mêmes sommes des êtres vivants autonomes, mais pas vraiment, nous sommes aussi un morceau de la biosphère.

    En tous cas merci pour cet article et les jolies illustrations.

    Cordialement

    1. Christophe Gatineau. Admin

      Bonjour,

      Vous dites que les plantes ne fabriquent pas vraiment des sucres…

      Heu 🙂 Ma surprise est totale et votre affirmation va totalement à l’inverse de toute considération scientifique. En revanche, vous soutenez que les champignons fabriquent des sucres qu’ils offriraient aux plantes !

      Heuuuu… Pouvez-vous m’en dire beaucoup plus sur ce point précis, d’autant que toutes les plantes ne s’associent pas à des champignons contrairement à ce que vous affirmez. Bien cordialement.

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